Au terme du stage d’écriture de mai, toujours le même constat : il y a toujours un écart entre la personne que l’on a devant soi et ce qu’elle est susceptible d’écrire, de lire, de construire sur la page pour se dire, pour traduire le vécu, pour transcrire le passé, pour apprivoiser le futur. Nous sommes autrement sur la page, car nous sommes plus vastes que nous ne le pensons.

Et toujours la même énigme : pourquoi attend-on que le temps ait passé pour se mettre à l’œuvre ? Pourquoi n’est-on pas initié plus tôt à cette possibilité d’approcher le silence, de mettre en mots l’existant, de donner voix à toutes celles qui habitent en nous et qui font preuve d’une patience infinie, attendant quelquefois très longtemps que l’on dépose des traces, que l’on porte attention au déroulement de ce que l’on appelle VIVRE. 

Il suffit de peu pourtant, pour que cela advienne. 
Il suffit d’espace.
Il suffit de temps. 

atelier d'écriture en présentiel

Ce fut le cas pendant trois jours. Et trois jours peuvent suffire pour se mettre en chemin ; trois jours peuvent répondre présent à cette nécessité intérieure, à ce désir de confier à l’écriture le soin de poser des jalons, d’éclairer sa lanterne et de donner à voir – à entendre – ce dont nous avons été témoins.

Ainsi va la vie… Sans doute faut-il laisser le VIVRE nous déborder.
Puis un jour, on s’y met.
On pose un mot, puis un autre.
Et l’on écrit ce qu’il est possible d’écrire. 

Certaines et certains choisissent de naviguer sur la mer des souvenirs en solitaire, pour parvenir à destination avec un ouvrage entre leurs mains. D’autres éprouvent le besoin de cheminer ensemble, en atelier d’écriture, et s’adressent à moi pour leur tenir la porte et dresser la table, cette grande table de bois sur laquelle nous livrons avec engagement et obstination des bribes de mémoire, des récits d’enfance, des témoignages, des indices manifestes de notre corps à cœur avec le vivant.

Cette expérience commune n’a pas sa pareille pour révéler combien nous sommes riches, riches d’alluvions, de sons, riches de textures, de vibrations, de rêves, riches à foison. Toutes et tous, chacune et chacun, quel trésor nous abritons ! Suffit d’entendre ce qui se partage en atelier, avec humilité, avec confiance. Une parole authentique qui, conjuguée au souffle, donne de l’élan pour aller plus avant. 

Je remercie celles et ceux qui, depuis plus de vingt ans, disposent dans les ateliers que j’anime – et dans d’autres assurément – tant de beauté dans le creuset de l’attention et de la bienveillance fortifiant de fait notre héritage commun.

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