Laurence participe depuis quelques années aux ateliers réguliers que j’anime depuis 20 ans. Elle a récemment gagné le premier prix d’un concours de nouvelles. Son texte, intitulé » La caisse des gens pressés », a ensuite été publié. J’ai souhaité l’interroger à ce sujet. Je partage, avec son accord, les réponses qu’elle a bien voulu m’adresser.
Gislaine : Tu as récemment gagné un premier prix de la nouvelle. Qu’est-ce que cela a changé pour toi ?
Laurence : Je me suis lancée dans les concours de nouvelles sans grande conviction, mais avec l’envie d’être lue. Ce fut pour moi une grande surprise de gagner le premier prix. Le fait que mon texte soit apprécié m’a procuré une grande joie. Cela a changé mon regard sur la qualité de mes écrits et m’a donné confiance pour les partager. J’étais plutôt réticente à faire lire mes textes, certainement par crainte du jugement et surtout parce que j’écris avant tout pour moi, pour mon plaisir. Au final le retour a été positif et ça m’a libérée, ça valide le fait que j’ai la capacité à faire des concours et je peux désormais m’autoriser à rêver plus grand.
Gislaine : Pourquoi participes-tu à des ateliers d’écriture ? Est-ce que tes motivations ont changé au fil du temps ?
Laurence : Participer à des ateliers d’écriture m’est essentiel. Écrire est une activité plutôt solitaire. Le fait de participer à des ateliers permet de changer cette donne. L’atelier est un lieu de partage, d’échange où chacun apporte sa contribution d’une manière ou d’une autre, sans calcul, juste par le fait d’être présent et entouré. On ne sait jamais ce qu’il va se passer et ce qui va en ressortir, c’est souvent surprenant et c’est ça que j’aime. Ne pas savoir et se laisser porter.
Inexorablement mes motivations ont changé au fil du temps. Cela fait plus de dix ans que je participe à des ateliers. Au départ je suis venue par curiosité et pour faire une activité qui me sorte du train-train habituel de la vie quotidienne. C’était donc plus dans un but récréatif. Désormais ma participation est plus axée sur le fait de découvrir de nouvelles manières d’aborder l’écriture, également par soif de culture, mais surtout pour l’aventure humaine.
Gislaine : En quoi ta pratique de l’écriture en atelier a-t-elle été un facteur d’émancipation (ou de libération) ?
Laurence : Sans les ateliers je n’écrirai pas ou alors très peu. C’est l’élément déclencheur en ce qui me concerne. C’est en atelier que j’ai découvert que je pouvais écrire des histoires. Jamais je n’aurais pensé avoir autant d’imagination. C’est aussi en atelier que j’ai partagé mes textes, les bons comme les mauvais, sans jamais avoir eu crainte du jugement. La bienveillance qu’on y trouve est libératrice. C’est également en atelier qu’on m’a suggéré de participer à des concours. L’idée a muri et je me suis lancée. Grâce au groupe et à l’animatrice qui m’ont donné confiance, j’ai simplement osé.
Tu as une vie de famille et des obligations professionnelles. Comment et quand trouves-tu le temps d’écrire ?
Ah, la grande question du temps ! Je n’en ai jamais assez, mais j’écris dès que je le peux. Je crois qu’au final, quand on a une irrésistible envie d’écrire, on trouve le temps. J’ai la faculté de me mettre facilement dans une bulle. À partir du moment où je suis lancée, rien ne m’arrête. Le tout c’est de me trouver un créneau pour commencer. Après, j’arrive à écrire avec du bruit autour de moi, cela ne me dérange pas suffisamment pour m’arrêter. Je préviens mes proches que je ne suis pas disponible pendant mon temps d’écriture. Je m’accorde ce temps pour moi. Il y a un facteur important aussi, c’est que je m’installe dans l’écriture uniquement lorsque j’ai une idée en tête précise et que je sais où je vais avant de démarrer. Donc je réfléchis à mes histoires bien avant le passage à l’acte d’écriture, en cuisinant, en conduisant, en faisant le ménage. Cela me fait gagner du temps.
Gislaine : Quelle est la place de la lecture dans cette aventure ?
Laurence : Quand on aime écrire, on aime forcément lire. La lecture a une place importante. J’y consacre autant de temps, mais à des moments différents. J’ai des périodes où je lis énormément et où je n’écris pas. J’ai des périodes où j’écris énormément, mais je ne lis pas. Je suis incapable d’écrire une histoire si je suis en train d’en lire une autre. Pour écrire, il faut que je me consacre entièrement à mon histoire. La lecture est une source d’inspiration. Le fait de découvrir des auteurs, leur style, leur manière de décrire les paysages ou de mettre en scène leurs personnages est forcément imprégnant. La lecture est surtout pour moi un moment de plaisir et d’évasion nécessaire pour libérer mon élan créatif.
Bonne continuation à Laurence sur les sentiers de la création !
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