À l’occasion du Printemps des Poètes 2023, j’animerai des ateliers d’écriture sur le site naturel protégé des Salins d’Hyères. Si vous souhaitez participer, je vous invite à vous inscrire grâce à ce lien : https://gislaineariey.com/sinscrire/


Voici comment Sophie Nauleau, directrice de l’événement, présente la prochaine édition du Printemps des Poètes :

« Après L’Ardeur, La Beauté, Le Courage, Le Désir puis L’Éphémère, j’avais en tête un intitulé libre et fantaisiste. Pas forcément féérique, mais sans équivoque ni férocité. Un mot qui en appelle à la félicité et à l’imaginaire. Jusqu’à ce que la tragédie guerrière s’abatte sur l’Ukraine. Que l’histoire des frontières, des conflits et des territoires, revienne cadenasser nos consciences. Tourmenter nos esprits.

Mais les frontières ne sont pas que géopolitiques ou armées. Pas qu’un enjeu meurtrier. Ni une ligne de front fortifiée. Il en est même que l’on ne cesse de franchir, du petit jour à la minuit, de l’enfance au lendemain, du visible au caché, de la mort à la vie, du réel à la poésie. C’est cet au-delà des frontières qu’il est temps de questionner, ce monde qui rassemble, étonne, dépayse, plus qu’il ne sépare. Ces limites qu’il nous faut constamment repousser. Ce danger qu’il nous faut conjurer.

D’antan à aujourd’hui, et à demain déjà. La peur et l’émotion qu’éprouvait Jean Genet au passage des frontières. La savante malice de Gilles Lapouge  : « les frontières, je les aime et je les déteste  ». La longueur de vue de Michel Butor qui, ayant le goût des lieux-dits, vivait volontairement «  À l’écart  » ou «  À la frontière  », expliquant  : «  Traverser les frontières m’aide à voir  ». Allons donc y voir, plus loin que les paroles, les démarcations et les pensées toutes faites, là où les mots ouvrent l’espace. Outrepassent les pointillés des cartes. Là où l’être et l’âme en mouvement l’emportent sur l’à-plat des planisphères. »

Quant à l’affiche de l’événement 2023, elle est signée JR.

Je laisse la parole à deux poètes :

Christian Bobin, cher poète disparu récemment :

une citation de christian bobin

Et enfin, un « poème de l’instant » figurant sur le site, un poème signé Ludovic Janvier, ce grand poète disparu en 2016 :

« Je ne cherche pas l’essor, l’oubli, la grâce, je sais qu’ils me sont impossibles. Et d’ailleurs je ne le voudrais pas. L’ange me fait peur. Non, je cherche la présence et le poids, ou plus exactement la présence me cherche, le poids me trouve, le poids sur moi de la lumière comme un mur, la présence à plein regard de la mer qui fait masse ou du feuillage hanté par le ciel. De sorte que les jours de timidité, ou de trop fort vouloir, je reste pris dans la glu du moment, prisonnier du trop plein jusqu’à la nausée. Les jours de décision, j’allais dire de légèreté mais ne te vante pas, je vois sortir de moi une réponse, plus ou moins claire, plus ou moins simple, plus ou moins forte. Content ? Non, jamais content. Mais, quand même, content. »

Ludovic Janvier, Bientôt le soleil, Flohic Éditions, 1998.

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