Lorsque je rencontre pour la première fois un(e) biographé(e), c’est-à-dire la personne à laquelle je prête ma plume durant l’écriture de sa biographie, il/elle s’interroge souvent sur la pertinence de l’entreprise : “Ma vie n’a rien d’extraordinaire, vous savez ! C’est celle de Monsieur (ou Madame) Tout-le-monde…”
Cela est vrai, d’un certain point de vue. Chacun naît, vit et meurt. C’est une réalité. Mais l’écriture d’une biographie ne se résume pas à renseigner ces trois verbes ou à décliner la chronologie d’un destin.
Le travail préparatoire du biographe consiste principalement à entendre ce qui se trouve “entre” les bornes, entre les jalons qui ponctuent un parcours de vie ; tous ces indices, ces signaux et ces éclairages qui vont donner corps à l’ouvrage mais ne sont pas formulés dans la vie courante. Par crainte, par manque de temps ou d’espace, par pudeur, par humilité.
Loin de moi l’idée de le blâmer. Nous sommes tout autant des êtres de parole que de silence…
Pourtant, quelque chose se fait, avec le temps, quelque chose de ténu, de précieux. Une relation de confiance s’instaure. Elle seule peut permettre de cheminer durablement pour entendre, s’entendre, échanger, évoquer, mettre au jour de sa langue.
C’est cela une biographie : une marche patiente vers demain en évoquant, à deux, le présent puis le passé, le présent puis le passé, sans perdre de vue l’horizon. C’est une immersion discrète mais déterminée, destinée à mettre en mots ce qui nous habite, ce qui nous soutient, ce qui nous porte à aller vers demain.
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