Quand j’ai découvert Lou, cet être que notre amie Gislaine Ariey porte dans son cœur depuis bien longtemps je crois, c’est la présence d’un « Zou » dans le titre qui m’a d’abord intrigué. J’y ai ressenti comme la réponse à une hésitation. Était-ce bien le moment, en pleine pandémie, en plein imprévisible confinement de se mettre à manipuler des coquilles de noix, à les disposer sur la page et leur adjoindre des fragments dessinés au crayon susceptibles de raconter une histoire ? « Zou », ce fut peut-être l’interjection qui la poussa à y aller. 

Ma réponse, un premier étonnement passé, fut d’adhérer totalement au livret et à l’idée. « Résister, c’est créer »(1) est le titre d’un livre que j’avais lu il y a quelques années. La résistance au récent Covid et à son cortège de souffrances, d’incertitudes et de privations commence ici, dans ce travail du « peu » par rapport à « l’énormité » de ce qui vient de nous assaillir. Elle est celle du rêve et de sa légèreté assumée face au drame. Un rêve de mobilité, à pied cheval voiture moto bateau ballon… Elle est, du début à la fin, celle de l’humour et du clin d’œil. Celle du jeu qui nous réinvente.

Mais résister, c’est aussi aller, mine de rien, dans une profondeur qui ne dit pas son nom. C’est la nature qui nous parle. Ce sont les désirs qui se laissent entrevoir, les amours qui s’inventent, les rencontres qui se matérialisent. C’est la beauté poétique et simple qui vous saute au visage.

Alors, entendons en nous aussi le « Zou », entendons l’incertitude et créons…

Telle serait peut-être la leçon de ce moment étrange qu’ensemble, aujourd’hui, à l’échelle mondiale, nous vivons. Gislaine donne un témoignage d’avenir : celui d’écrire à notre tour.

Michel Neumayer, cofondateur de la revue Filigranes.

(1) « Résister, c’est créer », Florence Aubenas, Miguel Benasayag, éditions La Découverte.

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